Basé sur le principe de l’urbanigramme qui régit volumes, hauteurs et surfaces, Michel Holley dessine un ensemble immobilier sur dalle au-dessus de la gare de marchandises des Gobelins dont émergent plusieurs barres et dix tours d’une hauteur de 100 mètres ; seules huit d’entre elles seront construites dont six en copropriété privée (Mexico, Sapporo, Athènes, Cortina, Helsinki, Tokyo) et deux hlm (Anvers, Londres), propriété de Paris Habitat.
La Tour Sapporo construite entre 1970 et 1972 par Michel Proux comporte 32 étages et 251 logements, organisés autour d’un noyau de distribution central duquel ils rayonnent vers les quatre façades, selon une grande diversité typologique avec un ensemble de duplex en partie sommitale. Le principe structurel d’une grande rationalité repose sur un module de base, un carré d’environ 6 mètres de côté, qui compose l’ensemble des tours du quartier des Olympiades ; la Tour Sapporo en comprend 24.
Les modules sont constitués de murs refends en béton armé banché d’une épaisseur d’environ 20 cm connectés à chaque étage à une dalle en béton armé coulée en place d’une épaisseur similaire. La disposition de l’ensemble permet de contreventer la tour de manière très efficace, système qui sera d’ailleurs breveté par Michel Holley, utilisé dans d’autres ensembles comme à Vandrezanne.
Ce principe, déjà expérimenté à de nombreuses reprises par Raymond Lopez et Michel Holley dans la continuité des recherches de Jean Dubuisson, a permis de constituer une façade libre que Michel Holley décide de constituer par des panneaux de béton préfabriqué sablé sur le thème du paraboloïde hyperbolique en référence au sculpteur Antoine Prevsner. Si le modèle est répétitif la constitution du béton est unique à chaque tour en faisant varier sa formulation (ciment et granulat) afin que chaque habitant du quartier puisse retrouver son logement.
La carbonatation du béton, réaction chimique induite par la présence de dioxyde de carbone dans l’air, a pour effet de diminuer son pH et de rompre l’équilibre chimique du ciment et de l’acier qui cohabitent dans le béton armé. Il en résulte la corrosion des armatures et la rouille, ayant la propriété de gonfler, pousse le seul béton qui a encore de l’espace pour se déplacer, celui de l’enrobage extérieur. Cet éclatement est la partie visible de cette pathologie et il est la raison du projet que vous souhaitez mener. Au dommage esthétique s’ajoute le risque important de voir des fragments tomber sur les badauds au sol.
Notre approche s’inscrit dans la démarche de préservation d'un patrimoine en mal de reconnaissance et qui se retrouve à la croisée des chemins, alors que la crise climatique impose à tous de trouver les moyens d’économiser l’énergie dépensée pour le confort des êtres humains qui habitent l’architecture construite et à venir.
Soit l’on considère qu’il est impossible d’améliorer la performance thermique par l’intérieur et l’on part du principe que les façades de la Tour Sapporo ont fait leur temps, ce qui laisse un boulevard pour toutes sortes de solutions architecturales et techniques, soit nous choisissons collectivement de maintenir ce témoignage d’une architecture de l’après-guerre dont les Olympiades sont l’un des plus emblématiques représentants, Paris intramuros qui plus est.
Les réparations opérées sur l’ensemble des tours ces dernières décennies n’ont jamais embrassé cette dimension et les réparations réalisées sont déjà obsolètes pour une raison qui apparaît clairement lorsque l’on étudie la nature des panneaux : la carbonatation lente, évolutive et progressive du béton continuera de provoquer des éclatements tant qu’elle ne sera pas traitée à sa racine.
MOA
Copropriété de la Tour Sapporo, syndic Atrium Gestion
Lieu
Quartier des Olympiades, Paris 13 (75)
Programme
Restauration/restitution des façades historiques
Surface
10 000 m² (façades)
Coût
2,3 M€ HT
Calendrier
Chantier en cours, livraison prévue en septembre 2024
MOE
atelierpng
Matières
Béton brut sablé, inclusion de quartz
Les purges réalisées dans le cadre de la restauration des bétons de la Tour Sapporo permettent de mieux comprendre à la fois la conception de l'époque et les raisons des pathologies observées dans le cadre du diagnostic.
Réalisation de nombreux échantillons dans le cadre de la restauration des bétons de la Tour Sapporo: tout l'enjeu réside dans la mise au point d'une composition la plus proche de celle de 1972.
Le chantier de la restauration des bétons de la Tour Sapporo a enfin débuté. Les travaux se dérouleront en deux phases de 7 mois pour un total de 18 mois.
L'atelier a été retenu pour restaurer les façades de la Tour Sapporo située dans le quartier des Olympiades, conçue par Michel Holley et Michel Proux au début des années 1970. Démarrage du chantier prévu à la fin de l'année 2022.